AKAA : la foire qui célèbre la richesse créative des artistes contemporains africains et afro-descendants
Pour sa 8ème édition, qui se tenait du 19 au 22 octobre et dont ARTQUIRE était partenaire, la foire AKAA, consacrée aux artistes du continent africain et de ses diasporas, a une fois n’est pas coutume mis en lumière une grande diversité de propositions artistiques. Entre peinture, sculpture, photographie ou encore céramique, AKAA reflète, année après année, la croissance exponentielle de la scène artistique africaine contemporaine et l’engouement toujours plus grand que cette dernière suscite.
Créée pour mettre en avant les œuvres des artistes issus de l’Afrique et de sa diaspora, la foire AKAA – acronyme de « Also Known as Africa » - se tenait au Carreau du Temple, du 20 au 22 octobre derniers. Pour cette nouvelle édition, dont Artquire était partenaire, trente-sept galeries internationales étaient présentes (dont plus d’un tiers africaines) pour exposer le travail de pas moins de 120 artistes de trente-six nationalités différentes, établis ou émergents.
Parmi ces galeries, de nombreuses venaient à AKAA pour la première fois, à l’instar de la galerie sud-africaine Afronova ou encore de Kub’Art, basée à Kinshasa et à Montréal. On retrouvait également la galerie parisienne Anne de Villepoix, dont la fondatrice fait partie du comité de sélection, venue présenter les peintures de l’artiste togolaise Atsoupé, qu’elle expose au sein de son espace parisien jusqu’au 4 novembre. Mais aussi la Galerie 110 Véronique Rieffel, qui exposait les peintures estivales de l’artiste marocaine Sanae Arraqas. Ailleurs, le stand de la galerie sud-africaine Ebony/Curated dévoilait quant à lui, au milieu des céramiques de Lisa Ringwood, de séduisants clichés mettant en scène un couple gay, signés du photographe Haneem Christian, qui travaille sur les identités queer. Une vision engagée et onirique de l’art que l’on retrouvait au détour des allées sur certaines toiles luxuriantes de Nabil Souabi, représenté par la galerie tunisienne Yosr Ben Ammar, ou sur celles de Rahma Lhoussig, exposées sur le stand de la galerie African Arty de Casablanca.
D’une grande diversité, à l’image des 54 pays qui constituent le puzzle multiculturel qu’est le continent africain où les galeries sont de plus en plus nombreuses et contribuent au rayonnement culturel grandissant de l’Afrique, la foire AKAA révèle la richesse de l’expression artistique contemporaine africaine et afro-descendante. De la peinture, à la sculpture en passant par la photographie, la céramique ou encore le textile, le travail des artistes africains et de ses diasporas, qui se frottent à d’autres cultures, sort de l’anonymat avec AKAA pour conquérir de nouveaux marchés. L’édition parisienne de la foire, qui se tenait en parallèle la seconde édition du mastodonte Paris+ par Art Basel, offrait en effet la possibilité aux artistes et galeries de gagner en visibilité, de faire découvrir leur travail et de rencontrer de nouveaux collectionneurs français et internationaux, mais aussi des représentants d’institutions culturelles.
Porté par Bandjoun Station, une résidence d’art née à l’initiative du célèbre artiste camerounais Barthélémy Toguo, et l’Institut français de Doula, au Cameroun, le projet « Talents237 » présenté lors d’AKAA via une exposition sous le commissariat de Carine Djuidje de Bandjoun Station, propulsait de son côté sous les feux de la rampe huit jeunes artistes parmi lesquels Roméo Temwa, dont les œuvres on ne peut plus d’actualité dénoncent la manipulation médiatique, ou encore William Bakaimo, qui traite à travers ses toiles le problème de l’excision.
Lauréat du prix ellipse 2023, dont est partenaire AKAA, l’artiste togolais Kossi Aféli Agboka, connu sous le pseudonyme Ras Sankara, a quant à lui profité de l’événement pour présenter « Mémoire du sang », une performance saisissante dénonçant le sort réservé aux exilés, et donnant au public matière à réflexion sur le concept de frontière.
C’est d’ailleurs dans la réflexion que se trouve la spécificité d’AKAA, qui organise également chaque année des débats, des rencontres et des tables rondes, afin de donner naissance à un dialogue interculturel, explorant les thèmes et les enjeux liés à l’art contemporain africain et afro-descendant. Cette approche holistique et décloisonnée du marché de l’art se concentrait cette année sur une réflexion autour du commissariat d’expositions et de ses métiers qui, en présentant les œuvres dans un contexte, en les faisant dialoguer les unes avec les autres, et en réfléchissant sur elles, leurs permettent de vivre à travers le regard des spectateurs. De cette édition, on retiendra ainsi la table ronde autour du livre L’Afrique dans le temps du monde (éditions Ròt-Bò-Krik) de l’historien sénégalais Mamadou Diouf, qui enseigne à l’université Columbia ou encore celles sur « Les acteurs de la diffusion artistique et leur impact », évoquant la nécessité de donner davantage de visibilité à la création contemporaine des artistes africains et afro-descendants modernes et contemporains.
La prochaine édition du salon AKAA se tiendra à Los Angeles, du 2 au 12 mai 2024.