Petit tour d’horizon des foires qui ont consolidé la place de l’Afrique sur le marché de l’art
14 févr. 2023

Petit tour d’horizon des foires qui ont consolidé la place de l’Afrique sur le marché de l’art

Souvent réduit à une seule entité malgré les cinquante-quatre pays qui le compose, le continent africain recèle pourtant d’artistes et de foires d’art qui valent la peine d’être connus et surveillés. Bouillonnantes sur le plan de la culture, certaines villes africaines telles que Lagos au Nigéria, Dakar au Sénégal, Accra au Ghana ou encore Cape Town en Afrique du Sud, disposent de scènes émergentes trop souvent oubliées, au-delà même du monde de l’art stricto sensu. De la biennale de Dakar, pionnière des foires d’art africaines, à la foire ART x Lagos en passant par la foire d’art contemporain africain 1-54, voici un petit tour d’horizon des événements artistiques qui confortent l’assise de l’Afrique dans le monde de l’art.

Depuis les années 1990, l’Afrique assiste à l’émergence de scènes créatives dynamiques et florissantes, conduisant de plus en plus de lieux artistiques à s’y développer pour présenter le travail d’artistes africains ou issus de la diaspora du continent. Ce récent boom de l’art contemporain africain sur le marché a conduit à de multiples investissements sur le continent lui-même, qui se manifestent à travers le développement de galeries ou d’institutions muséales, à l’instar du Musée d’Art Contemporain Africain Al Maaden, fondé en 2018, à Marrakech ou encore du Zeitz Museum of Contemporary Art Africa de Cape Town, en Afrique du Sud, qui, depuis sa création en 2017, est devenu le cœur de l’art contemporain dans le sud du continent, exposant presque exclusivement des œuvres du XXIème siècle, réalisées par des artistes africains établis ou émergents.

Occupant une place prépondérante dans cet écosystème en pleine effervescence, les foires d’art font office de véritable vitrine et de terreau pour le développement et la reconnaissance des artistes africains. De plus en plus nombreuses, ces foires sont parvenues à se tailler une place sur le marché très concurrentiel de l’art, et viennent combler le manque de représentation et de reconnaissance des artistes africains à l’international. Pionnière dans le genre, la Biennale de Dakar, également connue sous le nom de Dak’Art, a ainsi été créée par l’État du Sénégal dès 1989. Avec une première édition dédiée à la littérature en 1990, elle est, depuis 1996, réservée à la création africaine contemporaine, et a joué un grand rôle dans le développement de l’art contemporain en Afrique de l’Ouest, essaimant sur les territoires alentours, comme au Bénin, où une biennale a également été lancée en 2012.

Se revendiquant comme la première foire internationale d’art dédiée à l’art contemporain de l’Afrique et de sa diaspora, la foire 1-54, fondée par la Marocaine Touria El Glaoui, et baptisée ainsi d’après le nombre de pays qui composent le continent, est également devenue une manifestation incontournable, depuis sa création en 2013. Non seulement organisée sur le continent africain lui-même, à Marrakech, où sa dernière édition s’achevait le 12 février, la foire 1-54 n’hésite pas à migrer, selon ses différentes éditions, à Londres, New York ou encore Paris, comme en avril 2022, où elle a été organisée en partenariat avec la maison de vente Christie’s. « Conçue comme une réponse à un déséquilibre d’accès aux artistes du continent africain et de la diaspora », comme l’expliquait en octobre dernier au journal Le Point sa créatrice, elle se fait ainsi le porte-étendard de « la créativité d’un continent aux multiples facettes » sur différents territoires, pour amplifier sa force de frappe.

Effervescente avec ses scènes musicales et mode émergentes, la ville de Lagos, capitale du Nigéria, n’est pas en reste. Depuis 2016, sous l’impulsion de l’entrepreneur nigérian Tokini Peterside-Schwebig, elle accueille ainsi la ART x Lagos, une autre foire qui se revendique comme la première foire internationale d’art en Afrique de l’Ouest, dont la septième édition se tenait du 4 au 6 novembre 2022, au Federal Palace. On y trouvait le travail de 120 artistes, originaires de pas moins de 40 pays en Afrique et de sa diaspora, et représentés par 31 galeries internationales.

Outre l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique du Sud, moteur depuis la fin de l’Apartheid du sud du continent, héberge également sa propre foire : la Investec Cape Town Art Fair, dont la prochaine édition, du 17 au 19 février, marquera le 10ème anniversaire. En dehors du continent, en Europe, l’art africain est également célébré à travers les foires Menart Fair, une foire internationale d’art moderne et contemporain, dédiée aux artistes du Moyen-Orient, des pays du Golfe et d’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte). Lancée à Paris par Laure d’Hauteville, sa troisième édition se tenait à Bruxelles, du 3 au 5 février. Enfin, dévolue aux scènes artistiques d’Afrique et de ses diasporas en France, la foire parisienne AKAA (Also Known as Africa), se tenait du 21 au 23 octobre dernier, au Carreau du Temple, pour une septième édition réunissant près d’une quarantaine de galeries et plus de 130 artistes. Autant de preuves que les artistes contemporains africains ne peuvent plus être ignorés, tant sur leur continent d’origine que dans les grandes capitales artistiques internationales.

Photo : Reza Derakshani, Every Maroon Day and Every Golden Day, 2022, poudre de café turc, pâte d’or, émail et peinture artisanale sur toile, Diptyque 130 x 400 cm, Amenor Contemporary. Oeuvre présente lors de l’édition 2023 Menart Fair.