Tefaf 2024 : une édition dense et réussie
La prestigieuse foire néerlandaise se tenait une nouvelle fois à Maastricht, du 9 au 14 mars derniers. Raccourcie de trois jours, cette 37ème édition n’a cependant rien perdu de sa superbe avec 50 000 visiteurs et de nombreux chefs d’œuvres prestigieux, attirant comme chaque année le nectar des collectionneurs internationaux.
Acronyme de The European Fine Art Fair, la Tefaf de Maastricht est sans conteste la reine de toutes les foires d’art et d’antiquités organisées dans le monde. Captivant l’attention des collectionneurs les plus fortunés et exigeants et prisée par de nombreux musées internationaux désireux de compléter et de redynamiser leurs collections en mettant la main sur l’une des perles rares exposées, la Tefaf semble indétrônable tant son offre et son public sont d’une grande qualité. Créée en 1988 initialement sous la forme d’un salon d’art et d’antiquités, elle est très vite devenue la plus importante dans sa catégorie. Rassemblant cette année plus de 270 exposants, issus de 22 pays différents et présentant des œuvres reflétant plus de 7 000 ans d’histoire de l’art, la Tefaf s’est muée au fil des ans en un rendez-vous incontournable ; forte de son offre riche et variée, allant des livres rares, aux bijoux en passant par les arts premiers, le design et l’art contemporain, auquel elle s’est ouverte en 2018.
Après une édition 2023 en demi-teinte, elle revenait début mars dans une version raccourcie, amputée d’un week-end, mais prouvant malgré tout une fois de plus son hégémonie, avec des pièces exceptionnelles dans chacune de ces catégories. Parmi les exposants, on comptait notamment une cinquantaine de galeries pour le secteur des peintures anciennes, et autant pour l’art moderne et contemporain avec, partout, une sélection de haut vol. Côté design, citons notamment ce bureau doré, moulé à même la peau d’un crocodile, signé Claude et François-Xavier Lalanne, présenté par la galerie Mitterrand, qui participait pour la première fois à la Tefaf, ou encore les pièces Jean Royère, Georges Jouve et Eileen Gray, exposées sur le stand de la galerie parisienne Aline Chastel.
Diversité des styles
Une sélection à l’image de la diversité des styles, registres et époques qui se croisent à la Tefaf, qui rassemblait cette année sous le même toit un ensemble allégorique de Fragonard, des œuvres de Bonnard et de Monet (Wildenstein), du futuriste italien Giacomo Balla (Bottegantica), de Frans Hals et Theodore Rombouts (Koetser Gallery), ou encore une série de dessins d’Amedeo Modigliani, présentés par Agnews, une nouvelle galerie bruxelloise ouverte par Eric Gillis et Noémie Goldman. Comparée par certains médias jeux olympiques de l’art, la Tefaf présentait également une œuvre de Giacometti représentant Saint Jean-Baptiste, un portrait d’Antonietta Gonsalvus par la peintre Lavinia Fontana, une sculpture de Takis (Axel Vervoordt), une toile de Kandinsky de 1910, vendue pas moins de 50 millions d’euros par la galerie Landau de Montréal (soit le prix le plus élevé sur la foire pour cette édition) ou encore « Tête de paysanne au bonnet blanc » (1884), un portrait réalisé par Vincent Van Gogh à ses débuts, vendu quant à lui 4,95 millions de dollars par la galerie M.S. Rau, venue de la Nouvelle-Orléans, à un musée extra-européen.
Les musées
Les musées – notamment américains, tels que le Museum of Fine Arts de Boston ou celui de Houston – ont d’ailleurs dopé le moral de la Tefaf cette année, dans un contexte mondial difficile. Visitée par un demi-millier de représentants de musées chaque année, la foire néerlandaise, qui se veut aussi complète qu’éclectique, permet également à de nombreux artistes et galeries d’être sous les feux de la rampe. Inaugurée cette année, la section « Focus » donnait l’occasion à dix galeries sélectionnées de mettre en avant un artiste précurseur de son époque ou un mouvement. Basée à Paris, la galerie Ketabi Bourdet exposait ainsi certaines des « 100 chaises » dessinées en une nuit par Paolo Pallucco, un architecte et designer italien engagé, tandis que la galerie Ceysson & Bénétière présentait un solo-show dédié à Roger Bissière, chef de file de la peinture non-figurative au milieu du XXème siècle.
Le secteur "Showcase"
De son côté, via le secteur « Showcase », réservé aux jeunes marchands d’art et galeries, parmi lesquelles l’Italienne Reve Art, la Britannique Flavio Gianassi, spécialisée en tableaux italiens du XIVe au XVIe siècles, la Parisienne Louis & Sack, ou encore la Belge Edouard Simoens, basée à Knokke, la Tefaf mettait en lumière une partie des nouveaux acteurs du marché de l’art. Une démarche bienvenue, qui compensait le faible taux de nouveaux exposants affiché cette année. Sans doute la rançon du succès.
Photo du stand de la galerie Pascal Lansberg lors de la TEFAF 2024.