BRAFA Art Fair : la foire belge aux mille visages qui ne cesse de grandir
Avec un nouveau record de fréquentation franchi lors de sa dernière édition début 2024, la Brafa Art Fair, organisée chaque année à Bruxelles, a une fois de plus prouvé son attraction et sa renommée à l’international. Riche et éclectique, avec ses œuvres allant de l’Antiquité au XXIème siècle, la Brafa tire sa force de sa pluralité, qui lui permet de parler à un large public, rassemblant tant les amateurs de livres anciens, d’art tribal ou de mobilier, que les collectionneurs d’art moderne et contemporain ; ces deux dernières périodes occupant désormais une place non négligeable sur la foire.
Comptant parmi l’une des plus anciennes et des plus prestigieuses foires d’art en Europe, la Brafa se tenait pour la troisième année consécutive à Brussels Expo, où elle a déménagé en 2022. Avec 67 000 visiteurs, soit 2 000 de plus que l’année précédente et 12 000 de plus qu’il y a dix ans, cette dernière édition, organisée du 28 janvier au 4 février, a établi un nouveau record de fréquentation, traduisant la capacité de la capitale belge à attirer, d’année en année, toujours plus d’amateurs et de collectionneurs issus d’horizons variés et de toutes les générations. Devenue incontournable, grâce à son offre plurielle, la Brafa rassemblait cette année pas moins de 132 galeries, issues de 14 pays, dont 39 de France et une cinquantaine de Belgique. Preuve, s’il en fallait une, que l’ouverture de la foire aux marchands étrangers en 1995 lui a permis d’étendre son envergure.
Créée en 1956, d’abord sous la forme d’un « salon des antiquaires », la foire, connue depuis 2014 sous le nom de BRAFA Art Fair et aujourd’hui de renommée internationale, a su en effet s’imposer au fil des ans comme l’un des meilleures évènements généralistes du genre, avec sa large sélection de mobilier, d’argenterie, de joaillerie, de livres, d’Arts Premiers (dignement représentés par le Bruxellois Didier Claes), mais aussi d’art contemporain, auquel elle s’est ouverte en 2008.
Depuis, la qualité des œuvres présentées n’a cessé de croître. Présente lors de cette édition, la galerie Nosbaum Reding exposait notamment les toiles tourmentées de Damien Deroubaix, les œuvres colorées de Peter Zimmermann, et celles, envoûtantes, de Melanie Loureiro, qui peint des fleurs et des papillons grands formats dans des teintes pastels. De son côté, la galerie parisienne AB pouvait se targuer d’avoir sur son stand des chefs-d’œuvre de l’art moderne, respectivement signés Marc Chagall, Serge Poliakoff, Hans Hartung, Pablo Picasso, Pol Bury ou encore Joan Miró. Également basée à Paris, la galerie Dina Vierny proposait quant à elle une sélection riche de dix-huit artistes modernes et contemporains. Parmi les œuvres les plus marquantes de son stand, on retrouvait notamment une sculpture et une tapisserie de Robert Couturier, représentant quatre corps féminins aux lignes épurées, mais également un dessin réalisé par Henri Matisse, pour la préparation du tableau « Lectrice à la table jaune » et une sculpture d’Aristide Maillol, baptisée « Pomone ». Venue de Francfort, Die Galerie exposait de son côté trois sculptures monumentales de Max Ernst, intitulées « Corps enseignant pour une école de tueurs », devant une photo de leur installation en plein air, tandis que la Parisienne Hélène Bailly présentait au cœur de son stand « Le peintre-mousquetaire aux deux visages », une peinture de Pablo Picasso née en 1967, autour de laquelle gravitaient des œuvres de Kees Van Dongen, Francis Picabia, Marc Chagall, Ossip Zadkine ou encore Félix Vallotton. Des monuments de l’art moderne auxquels répondaient des œuvres contemporaines de très grande qualité, signées Pierre Soulages, Keith Haring ou Yayoi Kusama, tous trois exposés par la Suisse Von Vertes, ou encore Lita Albuquerque, Thomas Devaux ou Alice Anderson, exposés par La Patinoire Royale - V. Bach.
Participant à la foire pour la première fois, la galerie Hadjer exposait quant à elle un impressionnant ensemble de tapisseries de Fernand Léger, Sonia Delaunay, ou Alexander Calder. Un médium également à l’honneur chez Mathivet, avec cette tapisserie de Josef Albers, dans la lignée des hommages au carré de l’artiste, installée aux côtés d’un lampadaire et de chevets Leleu, d’une paire de fauteuils de Jallot, ou encore de tables réalisées par Franck Evennou.
De Daum à Gallé en passant par l’impressionnant décor Art Nouveau de 1903 signé Victor Horta, provenant d’un hôtel particulier de Courtrai, et affiché au prix de 12 millions d’euros par la galerie Marc Maison de Saint Ouen, les Arts décoratifs n’étaient en effet pas en reste. Star à l’international, l’Anversois Axel Vervoordt, qui a notamment signé la décoration de la villa de Kim Kardashian à Hidden Hills, en Californie, avait également réservé un stand. De quoi refléter l’éclectisme de la Brafa, qui fait aujourd’hui sa force de frappe.
Mais cette édition 2024 était surtout placée sous le signe du Surréalisme, à l’occasion des 100 ans de la naissance du mouvement, dont l’une des 19 copies originales du Manifeste, rédigé par André Breton, était présentée par la Librairie Larchandet, sur le stand de la Chambre professionnelle belge de la Librairie ancienne et moderne. Invitée d’honneur cette année, la Fondation Delvaux présentait quant à elle une quinzaine de tableaux et de Paul Delvaux, dont les œuvres étaient également présentes sur plusieurs stands, et inspiraient la scénographie de la Brafa. Basée dans la très huppée station balnéaire de Knokke-Heist, la Boon Gallery présentait notamment « La ville lunaire », une toile de 1944, tandis que « The Storm », peinte en 1962, comptait parmi l’une des œuvres phares vendues par la galerie De Jonckheere de Genève, aux côtés d’un dessin de Magritte et d’une nature morte de Jan Brueghel le Jeune.
De quoi promettre un avenir radieux à la Brafa, dont la prochaine édition, prévue du 26 janvier au 2 février 2025, affiche une ambition qui devrait être aisément réalisée : attirer plus de 70 000 collectionneurs ou amateurs d’art, conservateurs et autres décorateurs.
Photo : Stand de la galerie AB, BRAFA 2024