Marché de l’art : la France redevient une place majeure
En cette fin d’année, les enchères millionnaires se multiplient à Paris et en province. C’est un bon indicateur du retour en grâce de la France auprès des vendeurs et des acheteurs.
Le 27 octobre, la cité de Senlis, dans l’Oise, est devenue le point de mire du monde de l’art. Le groupe Actéon y vendait un panneau du peintre italien Cimabue (connu de 1272 à 1302). Trouvé chez une dame âgée, accroché entre la cuisine et la salle à manger, Le Christ moqué est une oeuvre rare, le corpus de l’artiste se limitant à une dizaine de toiles répertoriées. Le tableau, estimé de 4 à 6 millions d’euros, a été cédé à 24,18 millions ! Cet événement illustre l’évolution positive en France.
De première place du marché dans l’après-guerre, l’Hexagone a vite dégringolé au quatrième rang, devancé par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Chine. Dès qu’un particulier voulait vendre une oeuvre de qualité, on lui conseillait de l’envoyer à New York pour l’art moderne et contemporain, à Londres pour la peinture ancienne, en Asie pour les porcelaines de Chine. En 2018, nos sociétés de ventes n’ont réalisé que 6 % d’un volume d’enchères mondial de 27 milliards d’euros.
Cette fuite des objets a ralenti, nombre de transactions de pièces d’exception ayant lieu désormais à Paris comme en province. Cette tendance a commencé il y a une dizaine d’années, avec la mise aux enchères d’objets rapportés en France entre 1860, date du sac du Palais d’Eté de Pékin, et 1912, à la chute de la dynastie Qing. En particulier avec celle, par la société Labarde, en mars 2011 à Toulouse, d’un rouleau sur soie (vers 1748) intitulé La Grande Revue IV : Manoeuvres militaires, représentant l’empereur Qianlong (1711-1796) qui passe ses troupes en revue. Il s’est vendu plus de 22 millions d’euros.
Les ventes majeures se multiplient
Tous les secteurs sont aujourd’hui concernés. La preuve avec ce Cimabue qui serait autrefois parti à Londres. Soulignons deux autres ventes majeures en octobre dernier : un immense tableau de Nicolas de Staël (1914-1955), Parc des Princes, Les Footballeurs, pour 20 millions d’euros, et la fantastique collection de Claude (1925-2019) et François-Xavier Lalanne (1927-2008), 91,3 millions d’euros. Des objets qui, il y a peu, auraient pris le chemin de New York. Parallèlement, des manifestations, comme la Fiac ou Paris Photo, attirent de plus en plus d’amateurs et de grands galéristes internationaux, tel David Zwirner, s’installent dans la capitale.
Ces acteurs du marché quittent Londres en raison du Brexit pour centraliser leurs activités européennes en France. De plus, Internet et les réseaux sociaux permettent de faire connaître au monde entier les merveilles trouvées sur notre territoire. C’est une bonne nouvelle pour ceux qui souhaitent vendre leurs objets chez nous et au meilleur prix.
Robin Massonnaud - Mieux Vivre son Argent