Que fallait-il retenir de la vingtième édition d’Art Basel Miami Beach ?
9 déc. 2022

Que fallait-il retenir de la vingtième édition d’Art Basel Miami Beach ?

L’édition miaméene de la foire d’art contemporain helvétique Art Basel se tenait du 1er au 4 décembre. Pour son vingtième anniversaire, marqué par la présence de près de 300 galeries internationales, Art Basel Miami Beach a – une fois n’est pas coutume – marqué les esprits. Voici ce qu’il fallait retenir de cette escale artistique en Floride.

Le vrai-faux distributeur de billets du collectif MSCHF

Après avoir défrayé la chronique pour sa collaboration avec le rappeur Lil Nas X sur des paires de Nike taxées de satanisme car contenant du sang dans leur semelles transparentes, le collectif MSCHF (à prononcer Mischief), composé de trente artistes de Brooklyn, a une nouvelle fois créé l’événement grâce à son installation de ce qui semblait être un simple distributeur automatique de billets. Présentée par la galerie Perrotin, figurant parmi les 283 exposants de cette édition, l’œuvre reprenant le principe duchampien du ready-made était en réalité dotée d’un appareil photo tirant le portrait de chaque visiteur venu y retirer de l’argent, pour révéler aux yeux de tous le contenu de leur compte en banque, et l’ajouter à un classement. Pour les moins fortunés, l’écran n’affichait rien d’autre que des WC remplis de billets, absorbés par une chasse d’eau, et le mot « Goodbye ».

Digne héritière de l’œuvre « Comedian » de l’artiste italien Maurizio Cattelan, composée d’une simple banane scotchée sur une cimaise, qui avait défrayé la chronique en 2019, cette installation intitulée « ATM Leaderboard » se moquait avec ironie des dérives du marché de l’art, qui a explosé dans la capitale de la Floride en vingt ans. « À Miami, il y a une richesse insensée, les gens achètent une Lamborghini ou une Rolex en un claquement de doigts. Mais quand on leur demande combien ils ont sur leur compte, il n’y a plus personne ! », confiait au journal Le Monde Kevin Wiesner, l’un des cofondateurs de MSCHF. L’œuvre a été achetée par une collectionneuse pour la modique somme de 75 000 dollars.

L’empreinte grandissante de l’industrie de la mode sur le marché de l’art

Si l’industrie de la mode est le principal champ de bataille de Bernard Arnault et de François-Henri Pinault, respectivement PDG de LVMH et de Kering, l’art n’est pas en reste. En témoigne notamment leurs institutions muséales respectives, que sont la Fondation Louis Vuitton et la Bourse de Commerce - Pinault Collection. Cette porosité entre l’art et la mode a d’ailleurs tendance à s’accentuer. À Art Basel Miami Beach, les projets portés par des maisons de luxe et designers de mode étaient nombreux. L’événement a par ailleurs attiré une foule de personnalités, dont Kim Kardashian, ayant transformé la foire en premier rang de défilé. Propriété de Kering, la maison Bottega Veneta y présentait par exemple ses sièges « Come Stai ? », créés par l’artiste Gaetano Pesce pour son défilé printemps-été 2023, et vendues entre 6 000 et 12 000 euros l’unité. La maison Saint Laurent (détenue également par Kering) consacrait elle une exposition au livre photo « Sex », de Madonna par Steven Meisel. Côté LVMH, Louis Vuitton présentait une sélection d’œuvres d’art réalisées par des artistes proches de la marque, tels que Yayoi Kusama ou Takashi Murakami, et Fendi collaborait avec Lukas Gschwandtner, qui présentait une série de sculptures.

La cohabitation entre des chef-d’œuvres du XXème siècle et des artistes émergents

Lieu incontournable pour dénicher les nouveaux venus sur le marché de l’art et les artistes de demain, la dernière édition de la foire Art Basel Miami Beach n’était pas en reste en ce qui concerne les œuvres d’artiste d’ores et déjà passés à la postérité. Cette nouvelle édition offrait ainsi un équilibre entre les œuvres de jeunes artistes à suivre, représentés par des galeries internationales montantes, à l’instar de Rolf Art Gallery (Argentine), K Art (New York) ou Sophie Tappeiner (Autriche), et celles de grands noms de l’art, comme Louise Bourgeois, Dan Flavin, Georgia O’Keeffe, Alice Neel, Robert Motherwell, ou encore Francis Picabia.